De la Brigade
à la Pléiade, flots
Et belles années, sous les arcades,
Sont passés, du chêne aux arcanes
À mon petit village sans château.
Les ruisseaux d'une jeunesse, prenants
Source aux racines de feux nos aïeux,
Vers nos moulins, acheminent vivants
Amours et joies, rencontres et adieux.
Quant à l'aube de mon premier amour,
Leurs souvenirs, bercés par le soleil,
Arrosèrent mon âme nuit et jour,
Je découvrais beautés et merveilles.
Laissant libre cours à mes sentiments,
Je vaguais sur des rivages fleuris,
Dans la finesse et la poésie
Des missives au vent de beaux amants.
Je l'ai vue seule sur la rive,
L'âme poétique, détachée des
fleurs.
Dans mes rêves, nulle couleur vive
N'a égalé sa beauté encor.
Troublante candeur, telle la flamme
D'une bougie, maintient mes yeux ouverts,
Dans les voluptés d'une nuit calme
Et souffles de l'âme qui espère.
Au chant du coq, mes yeux bien las guettaient,
Déjà le premier rayon, sa beauté.
Quand le lent prélat, afin le clocher
eut sonné, au garde-à-vous j'étais.
Quand un seau à la main, elle sortit,
Mon cœur me demanda sa liberté.
Mais ma raison reposée répondit
Que la belle main détenait la clé.
Un jour, mes pas me portant au hasard,
Nonchalant, au chemin de halage,
Nos regards délaissés se croisèrent,
Le temps de distraire nos visages.
Mais le temps, dans son habit éternel,
Me laissait peu d'espoir de lui parler
Ou d'avoir d'elle de mes nouvelles,
Si son âme eut été
effleurée.
N'écoutant que mon cœur, sur quelques vers
Écris mes pensées. Liées d'un ruban
vert, mes espérances et mes prières
Y reposaient, comme au Nouvel An.
L'espoir secret de voir mes mots plaire
Torturait mon esprit, tantôt sentant
Douce chaleur tantôt son contraire.
L'amour peut être cruel en y songeant.
Cœur léger et battant, je pris le pli,
Porté par Éole, à la chapelle.
Et au gras prélat je le remis,
Pour qu'il le lise à ma belle.
Jour après jour, je guettais sa venue,
À la chapelle, où tout était
prêt.
Puis un beau jour de pluie, je l'ai vue
Y entrer seule, enfin, Dieu soit loué !
Le temps étirait mon souffle, mon cœur
Confus, près du chêne aux arcanes.
Quand soudain, elle ressortit en pleurs,
Sous un éclair qui frappa mon crâne.
Sans savoir pourquoi, mes jambes
M'emportèrent au loin, bouleversé.
Pourtant sans savoir si mes dithyrambes,
Étaient les causes des tous ces effets ?
To be continued… (À suivre…)
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